Les recherches et sciences participatives, quelques éclaircissements :
Les pratiques associées aux recherches et sciences participatives sont en plein essor ces dernières années. Les institutions se voient en effet de plus en plus confrontées à la nécessité de considérer les demandes sociales et de prendre soin de la relation entre les sciences et la société, préalablement fragilisée. Cependant, cette dénomination regroupe un faisceau diversifié de démarches de coproduction de connaissances dont les motivations – politiques, épistémologiques, économiques, éthique etc. – ainsi que les méthodologies ou encore les objectifs peuvent être pluriels.
Cette diversité de pratiques reflète la variété des modes de participation qui sont mis en œuvre pour atteindre différents objectifs. En effet, bien que l’ensemble de ces pratiques visent à produire des connaissances scientifiques via des collaborations entre la communauté scientifique et la « société civile », il n’existe pas de définition unique qui engloberait de manière satisfaisante le champ des recherches et sciences participatives. Néanmoins, une définition issue de la Charte des sciences et recherches participatives en France permet de souligner les points communs de ces différents modes de participation :
les sciences et recherches participatives sont des formes de production de connaissances scientifiques auxquelles participent, avec des chercheurs, des acteurs de la société civile, à titre individuel ou collectif, de façon active et délibérée.
Cette définition émane initialement du rapport « Les sciences participatives en France » de François Houllier, élaboré en 2016 à la demande du Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce rapport illustre également très bien le fait que la nature et l’intensité de ces collaborations varient selon les projets. Ci-dessous un graphique qui illustre autant que faire se peut ces différences de nature et d’intensité, selon le niveau d’implication des citoyens et citoyennes dans le projet. Nous entendons par « citoyen » tout acteur de la société civile non-scientifique.

Les recherches participatives à l’Atelier :
À l’Atelier des Jours à Venir, la recherche participative telle que nous la pratiquons au travers du dispositif Les Nouveaux Commanditaires – Sciences est radicale (Godrie, Juan, Carrel, 2022)[1], aussi classée comme extrême (figure 1) : nous partons de collectifs ancrés dans des territoires pour formuler une question de recherche qui les concerne, et impliquons des chercheur·euses académiques dans un second temps seulement.
Néanmoins, nous nous retrouvons aujourd’hui dans la nécessite d’élargir nos activités, c’est pourquoi nous accompagnons désormais des projets de recherches participatives selon des dispositifs de portage, d’appuie et d’instruction variés :
- Des médiateur·ices sont rémunérés pour identifier des groupes citoyens, faire émerger une question de recherche et identifier des chercheur·euses selon le dispositif Nouveaux Commanditaire -Sciences
- Des communes / des collectivités territoriales missionnent et rémunèrent des médiateur·ices pour se mettre à l’écoute des questions de ses habitant·es
- Des universités souhaitent se mettre à l’écoute des citoyen·nes de son territoire et donnent des moyens à des médiateur·ices salariés (Exemple de l’Université de Strasbourg : OPUS / Labo Citoyen et Label SAPS de l’Université de Bordeaux)
- Des chercheur·euses souhaitent définir une question de recherche avec les personnes concernées par leur thématique et demandent à des médiateur·ices de bâtir un dispositif de commande
Cependant, dans chacun de ces accompagnements, nous cherchons à être fidèles à nos valeurs et à nous rapprocher autant que faire se peut du dispositif Les Nouveaux Commanditaires – Sciences.
[1] Godrie B, Juan M., Carrel M., 2022, “Recherches participatives et épistémologies radicales : un état des lieux”, Participations, 32, 11-50.
[2] Haklay M., 2013, “Citizen Science and Volunteered Geographic Information – overview and typology of participation”, Crowdsourcing Geographic Knowledge: Volunteered Geographic Information (VGI) in Theory and Practice., Elwood S., Goodchild M-F. (eds.), Berlin, Springer, 105-122.
